Naissances !

Aujourd'hui, dimanche 21 juillet 2013, c'est jour de canicule sur la Provence, et même un peu partout en France je pense...
Ici, pas de vent, même pas un peu de Mistral qui, pour le coup, nous ferait bien du bien.
Même les touristes les plus hardis préfèrent rester à l'ombre, tellement il fait chaud sur les collines rocailleuses et sèches, exposées en plein cagnard. 
Les cigales poussent les watts si fort, qu'on n'entend même plus les grillons.
Les beaux parcours de randonnées pédestres d'habitude très prisés sont aujourd'hui déserts, le soleil tape décidément vraiment trop fort.
Alors... cap sur les rivières, les lacs, les hamacs, ou je ne sais quel coin d'ombre ou de fraîcheur...
Au courage, nous sortons quand même nous balader dans un coin plutôt ombragé avec gouilles et chaudrons de rivière pour nous rafraîchir, et au retour à la maison, vers 19 heures, en passant à côté d'un de mes coins secret à Buthus, je décide de m'arrêter et d'affronter encore la chaleur, pour voir si par hasard j'aurais aujourd'hui la chance d'apercevoir une petite portée de mes scorpions préférés ! 
Ca grimpe, c'est chaud, et me voilà à retourner des pierres en transpirant, en dégoulinant... ces pierres que j'avais déjà retournées (il me semble) l'année dernière, à la même époque (lors de mon dernier passage dans ce coin-là).

Je sais pourtant qu'ils sont là mes petits Buthus, sous chaque pierre soulevée je vois des "trous" qui s'enfonce dans la terre, des cachettes, des petites galeries assez profondes, avec très souvent à l'entrée des anciennes éxuvies de juvéniles (stade 2 et 3 ou 4), jusqu'à trois ou même quatre anciennes mues sous 1 seule pierre, preuve que j'ai bien retrouvé la colonie...

Beaucoup de trous et de niches avec d'anciennes éxuvies, des cavités caractéristiques, mais point de scorpion vivant bien visible, habituellement observés à prendre le "frais" à cette heure ou le soleil a déjà décliné, sur le perron de leur cachette (il est maintenant 20 heures) .
Mais Zéro ! Nada ! Queue d'alle ! Bredouille ! Et je me sens tout penaud !

Faut-il que je creuse les galeries pour déloger ces scorpions ? (mais ça serait bien destructeur et perturbateur ! Je me refuse à faire cela)
Faut-il que je sorte ma lampe UV ? J'ai la flemme... et de toute façon c'est pas gagné.
Je n'y crois pas... Mais où peuvent-ils bien être cachés mes petits cocos que je sens pourtant bien là, tout proches ?
Rien ne correspond à ce que j'ai observé l'année dernière, exactement à la même époque, où il y avait alors un spécimen bien visible  quasiment sous chaque pierre retournée, j'en étais même resté impressionné d'une telle densité !
Fait-il trop chaud aujourd'hui ?

Et puis, par hasard, je soulève encore une pierre (de taille moyenne) qui ne me donnait à priori pas grand espoir de découverte, mais qui m'a soudain révélé ce que je cherchais, à savoir: une maman Buthus Occitanus avec ses petits tout juste nés !
Elle était bien cachée, bien enfouie sous sa niche, mais j'ai tout de suite aperçu les petites "têtes blanches", la progéniture bien groupée, entassée, regroupée, à peine née mais encore bien peu dégourdie... C'est à peine s'ils arrivent à remonter sur le dos de la maman, mais pourtant, à force de persévérance... ça regrimpe bien, en sécurité ! Tout ce petit monde est au complet sur le dos de maman !

Que du bonheur ! (et que de chance !!!)
Bien cachée dans sa galerie, je vous assure qu'elle jouait bien son rôle de maman, à bien protéger ses bébés, tous juchés sur son dos.
Faisant mine d'attaquer, à chaque vibration sur le sol, ne serait-ce que le déclencheur de mon appareil photo (clic-clac !), posé sur une pierre tout à côté !
Gare à l'intrus que je suis devenu, pinces grandes ouvertes, prêtent à se refermer sur mon objectif, sous mon oeil ébahi...
Je suis à 5 cm de la maman, qui doit se demander ce que c'est que cet objectif Leica qui la regarde de prés.
Elle se tourne et se retourne pour me faire face, ultra vigilante, et bien sûr assez agressive, on peut la comprendre !
J'essaye d'être le plus souple et discret possible, je veux juste regarder et admirer, je veux juste prendre quelques photos sans trop déranger...
Quelle beauté ! Quelle fragilité ! Je n'ose rien toucher, rien bouger, juste un beau cadeau de la nature...
Je me sens privilégié, juste de pouvoir simplement observer cela. Qu'ils sont beaux ces tout petits scorpions !

Mais je vous laisse plutôt apprécier ces clichés, c'est tout ce que j'ai pu vous rapporter ce soir...

Heu... est-ce que quelqu'un aurait la gentillesse de dire à Jean-louis de dégager rapidos de mon nez, car je ne vois plus le #$!&% de photographe, là:

T'approche pas trop mon gars !

Je demande humblement pardon à la maman, pour l'avoir dérangée et sûrement un peu effrayée !
Mais j'ai bien tout remis en ordre, et j'ai particulièrement soigné la repose de la pierre, avec "l'étanchéité" autour de la pierre pour garantir sa tranquillité.
Dans quelques temps, peut-être, quand il fera un peu moins chaud, j'irais de nouveau voir si ces petits bébés sont encore dans le coin...